Islam et école en France. Une enquête de terrain, Samia Langar, 2021

Note de lecture par Françoise Lorcerie dans Éducation et sociétés, 2022/2 (n° 48)

Les enseignants et la reconnaissance professionnelle – Éducation et sociétés 2022/2 (n° 48), pages 185 à 189.	Samia Langar, 2021, Islam et école en France. Une enquête de terrain, Lyon, Presses universitaires de Lyon, Préface de Benoît Falaize, 230 pages.

L’ouvrage est issu d’une thèse en sciences de l’éducation préparée sous la direction d’Alain Kerlan, soutenue en 2018 à l’université de Lyon. L’autrice le dédie à ses parents, “immigrés venus d’Algérie, dont je porte l’héritage”, dit-elle. La dédicace laisse d’emblée percevoir l’orientation émique de l’ouvrage, ce que l’étude ne dément pas : le sujet est traité dans le souci d’une fidélité à l’expérience subjective des personnes. Samia Langar revendique la neutralité de l’ethnologue, empreinte d’empathie. Derrière Islam, il s’agit pour elle de faire entendre des voix de musulmans descendants d’immigrés postcoloniaux et derrière École, des voix de professionnels de l’éducation scolaire dont les élèves sont très majoritairement des musulmans. Elle n’esquive pas le caractère localisé et situé de ces expériences, mais cherche dans leur approfondissement les voies d’une montée en généralité.
En première partie, avant d’en venir à l’enquête proprement dite, l’ouvrage met en perspective historique la question de l’islam dans l’école et dans la société française. Cela lui permet de dégager une première originalité de l’ouvrage : lire la montée de la religiosité musulmane au cours des années 1990-2000 comme l’effet d’une privation de reconnaissance, en étayant cette thèse par l’analyse secondaire des travaux relatifs à la séquence historique. L’étude commence aux années 1980, avec l’irruption dans l’espace public de la génération des descendants d’immigrés maghrébins, lors de la grande Marche de 1983 pour l’égalité dans la citoyenneté et la dignité…