Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

Une illustration coloniale pour un colloque décolonial ?

Les 5èmes Rencontre du RIED ont eu lieu à Marseille, en octobre 2024. Ces Rencontres se sont proposées de “Prendre au sérieux la question du colonial” dans le domaine de l’éducation. Dzifanu Tay revient ici sur l’affiche du colloque, dont l’illustration (tiré d’une fresque que le mur d’un lycée marseillais) soulève des questions quant à la “recirculation” des schèmes et mémoires coloniales.

Une illustration coloniale pour un colloque décolonial ? C’est peut-être anecdotique… mais peut-être pas. Cela m’a personnellement troublée en tout cas, lorsque qu’elle s’affichait à l’écran, quand mon regard s’y attardait au moment de consulter le programme ou encore en saisissant ma gourde : une affiche coloniale pour un colloque décolonial ?

C’est ce que suggère, à mon sens, une analyse rapide de sa composition.

Au centre et au premier plan, le visage d’une jeune femme de phénotype blanc, le regard tourné vers le ciel, seul personnage qui ne sourit pas. On peut s’interroger d’ailleurs sur ce que peut signifier l’expression déposée sur ce visage. Se noie-t-elle, jusqu’à la gorge ? Seule la tête émerge encore. Abnégation, lassitude, résignation ?

De part et d’autre de ce personnage central, quatre visages au sourire bon enfant et naïf rappellent les stéréotypes de l’iconographie impériale. Leurs phénotypes évoquent les archétypes coloniaux incarnant les différentes aires géographiques de l’empire français, placé ici sous la protection de Notre Dame de la Garde – « la bonne mère » – et sur lequel le soleil – au sommet de l’image – ne se couche jamais.

Au second plan, des éléments de culture… des monuments religieux… une essentialisation de cette merveilleuse coexistence humaine et culturelle ?

Difficile de ne pas y reconnaitre la phraséologie coloniale. Il y a un siècle, en 1906 puis en 1922, s’exposaient à Marseille, des affiches mettant à l’honneur la ville, sa rade et la belle diversité raciale des colonies


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Dzifanu Tay (28 janvier 2025). Une illustration coloniale pour un colloque décolonial ? Éducation & Diversité. Consulté le 12 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/136bu


Dzifanu Tay

L’éducation est le fil conducteur de mon parcours intellectuel et professionnel. J’ai, tout d’abord, travaillé comme professeure d’histoire dans l’enseignement secondaire en France, puis comme professeure de français « langue étrangère » en Flandre (Belgique). J’ai également travaillé plusieurs années dans une maison d’édition scolaire leader du marché en Belgique, avant de devenir responsable de projet au sein d’une association bruxelloise engagée dans la lutte contre les inégalités scolaires. C’est forte de cette expérience que j’ai réalisé une thèse de doctorat à l’UCLouvain qui, par son caractère réellement interdisciplinaire, s’inscrit pleinement dans le champ des sciences de l’éducation. Depuis, je fais de la recherche et j’enseigne à l’université mais aussi en Haute école pédagogique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.