Proposition d’une session de communications : “Les conflictualités autour l’islam dans les établissements scolaires et institutions de formation français”
Proposition inscrite dans l’axe 1 « Extrémismes, racismes, discriminations » et comprenant trois symposia modérés respectivement par Françoise Lorcerie, Geneviève Zoïa et Géraldine Bozec
Genève, 19 juin 2018, 9h00-15h30 (salle 4393)
Cette proposition réunit trois symposia portant sur une problématique commune : la stigmatisation des pratiques et signes liés à l’islam dans différents contextes d’enseignement français et les conflits normatifs qui les entourent au sein des collectifs professionnels. Loin d’apaiser les controverses, la loi de mars 2004 prohibant les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires a ouvert la voie à une multiplication des débats et des situations conflictuelles autour des manifestations visibles de l’islam, bien au-delà de l’enseignement scolaire. Les trois symposia permettront de confronter les expériences en la matière des acteurs institutionnels, des personnels sur le terrain, des familles, des élèves et étudiant.e.s dans différents contextes de formation, contrastés sur le plan institutionnel et sociologique (collèges de l’éducation prioritaire, lycée rural, dispositif pédagogique s’adressant à des publics scolaires, universités et ÉSPÉ).
Portant à la fois sur l’enseignement scolaire, les universités et les ESPE, pourtant différenciés en matière de législation laïque, le premier symposium mettra en évidence certaines formes de banalisation des manifestations de l’islam tout en soulignant le haut degré de conflictualité qui peut les concerner dans certains contextes et les usages différenciés du droit dans ces conflits. Le second symposium sera centré sur la « discipline laïque » et le contrôle des pratiques et signes religieux par les agents scolaires dans les établissements à partir d’une méthode fondée sur l’étude de cas. Le troisième symposium proposera une analyse croisée de différentes formes de « radicalisation » et d’extrémismes (religieux, politiques), réels ou perçus par les acteurs, dans des contextes sociaux et historiques variés, permettant d’en éclairer les logiques communes et les spécificités.
SYMPOSIUM 1
Coordinatrice : Françoise Lorcerie
Directrice de recherches au CNRS (émérite) en sciences du politique, cofondatrice du RIED, laboratoire IREMAM (Aix-Marseille université & CNRS), Aix-en-Provence
►L’après Charlie à l’ESPE de Créteil : l’islam en tension
Lila Belkacem, MCF sociologie, LIRTES UPEC
Fanny Gallot, MCF histoire, CRHEC UPEC
Romain Geffrouais, professeur de lycée, militant du GFEN
Les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015 semblent avoir rendu plus visible la conflictualité autour de l’islam à l’ÉSPÉ , et plus largement dans l’académie de Créteil. Tandis que l’interdiction du port du « foulard » pour les fonctionnaires stagiaires est débattue puis instituée, la laïcité devient un enjeu crucial des formations. Simultanément, des étudiantes portant un « foulard » rendent compte dans des cadres informels des difficultés qu’elles rencontrent à l’ÉSPÉ .
Dans ce contexte, l’organisation des journées d’études « Penser l’intersectionnalité dans les recherches en éducation » a eu comme objectif, notamment, de réfléchir aux stigmatisations dont font l’expérience les personnes catégorisées comme musulmanes dans les mondes de l’éducation. Ces journées, en mai 2017, ont suscité une polémique d’ampleur qui révèle des résistances à la diffusion et à la mise en discussion, avec le monde enseignant, des recherches portant sur les manières dont l’institution scolaire participe à la construction d’un « problème musulman ». Dans le même temps, dans le cadre de la formation continue, des modules mettant en débat la laïcité et l’islamophobie sont proposés dans l’académie.
L’enjeu de cette communication est de revenir sur ces différentes initiatives et de proposer une analyse des conflictualités qui les précèdent et en découlent, à l’ÉSPÉ et dans l’académie de Créteil.
Références bibliographiques :
Lila Belkacem, Fanny Gallot, « Les sciences sociales : quel intérêt pour débuter ? », Les Cahiers pédagogiques, 2017, A paraître.
Lila Belkacem, Amandine Chapuis, Fanny Gallot, « Ce que penser l’intersectionnalité dans les recherches en éducation veut dire », Contretemps, juin 2017.
GFEN, Laïcité & justice, Pratiques de la philosophie, n°12, 2017.
Mots clés : Islam – ESPE – 93 – laïcité – intersectionnalité
►Le port du voile à l’Université et à l’ÉSPÉ : entre banalisation et conflictualité
Géraldine Bozec,Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Nice Sophia Antipolis / ÉSPÉ et membre de l’URMIS (Unité de recherche Migrations et Société)
« Le voile c’est rien, maintenant c’est la cagoule blanche en dessous, le truc au-dessus [et] la grande tenue qui ne marque pas les formes… ». Ce commentaire, formulé par une proviseure de lycée en 2015, pourrait être utilisé pour qualifier les perceptions de la situation dans l’enseignement supérieur, bien qu’à la différence des établissements secondaires les signes religieux y soient autorisés. Les signes visibles de « l’islam des filles » (Kakpo, 2005) ont en effet suscité à l’Université de vives controverses publiques, mais aussi des difficultés et des tensions professionnelles, malgré une forme (ambivalente) d’acceptation et de banalisation du voile.
A partir d’entretiens qualitatifs conduits avec des étudiantes voilées de l’Université et de l’ÉSPÉ dans deux Académies différentes, la communication analysera les significations de ce signe religieux et les frontières sociales qui y sont associées dans les interactions. Tout en resituant cette pratique, à l’image de travaux précédents (Gaspard & Khosrokhavar, 1995 ; Hanafi, 2017), dans les trajectoires sociales et scolaires de ces jeunes femmes, elle insistera sur trois aspects :
- Le statut ambivalent du voile dans ces institutions de formation, à la fois banalisé et stigmatisé, et parfois conflictualisé au sein des équipes enseignantes
- La place et le sens variable de ce marqueur dans les interactions enseignant.e.s-étudiantes, selon les contextes de formation et les profils des acteur.rice.s
- La situation particulière des étudiantes des ESPEs, voilées en formation et « dévoilées » sur leur lieu de stage.
Références bibliographiques :
Gaspard, F. & Khosrokhavar, F. (1995). Le foulard et la République, Paris, La Découverte, 1995.
Hanafi, R. (2017), « Sœurs en islam : des étudiantes pratiquantes en “résistance” », Ethnologie française, XLVII, 4, p. 673-682.
Kakpo, N. (2005), « L’islam des filles », Diversité – Ville-Ecole-Intégration, n°142.
Mots clés : islam – laïcité – Université – ESPE – voile.
►Les chef.fe.s d’établissement face à la conflictualité autour de l’islam : quels usages du droit, quels rapports au droit ?
Fabrice Dhume,
enseignant-chercheur à l’Université Paris Diderot / URMIS (Unité de recherche Migrations et Société)
En 1989, la polémique médiatico-politique résultant de l’exclusion par un chef d’établissement de trois élèves qui portaient le « foulard » a marqué le début d’une entreprise politique rondement menée, conduisant à l’interdiction des « signes religieux ostensibles » à l’école. Si l’histoire de cette instrumentalisation de la « laïcité » à l’encontre de l’islam est aujourd’hui assez bien documentée, elle illustre une question plus globale : celle du rapport problématique de l’institution scolaire et ses agents au droit. Le renversement du sens de la laïcité, avec la loi du 15 mars 2004, traduit en effet un usage du droit comme moyen de contrôle des publics, en lieu et place d’une logique des droits des élèves. Elle relève ainsi d’une torsion disciplinaire du droit qui en fait, selon Michel Foucault, littéralement un « contre-droit ». Cette logique de contrôle prend officiellement appui sur la problématique de la gestion de l’islam et des religions à l’école, mais elle l’excède en même temps. Ou plus précisément, elle situe l’enjeu de prise de contrôle sur l’identification des élèves à l’islam dans un enjeu disciplinaire, qui investit le droit à travers des usages à géométrie variable, potentiellement arbitraires. Prenant appui sur des matériaux qualitatifs issus de plusieurs enquêtes et/ou interventions sociologiques, cette communication vise à discuter des usages scolaires du droit par les chef.fe.s d’établissement, à travers les stratégies de gestion de la conflictualité autour de l’islam ou de ses signes supposés.
Références bibliographiques :
Foucault M. (1993), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard/Tel.
Lorcerie F. (2008), « La “loi sur le voile” : une entreprise politique », Droit et société, n°68, p.53-74.
Merle P. (2001), « Les droits des élèves. Droits formels et quotidien scolaire des élèves dans l’institution éducative », Revue française de sociologie, n°42, p.81-115
Vivarelli C. (2014), La laïcité à l’école : une croyance normative entre éthique de responsabilité et éthique de conviction, Thèse de sociologie, Université de Strasbourg.
Mots-clés : école – direction – islam – droit
SYMPOSIUM 2
Coordinatrice : Geneviève Zoïa
Professeure d’ethnologie, CEPEL-Université de Montpellier/ESPE
►Divergences sur l’islam et la laïcité dans un établissement scolaire
Yannick Laurent, Professeur en lycée à Marseille, et membre du Groupe de formateurs académiques « Laïcité & Valeurs de la République ».
A l’occasion d’un festival, les III° Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, les élèves d’une classe ont été invités à produire eux-mêmes, en petits groupes, un mini court-métrage sur le thème de « la rencontre ». En complète autonomie, les élèves y ont parlé football, séduction, « drague », fraternité, etc. Un seul groupe (parmi une dizaine) a choisi un autre sujet : trois filles se croisent dans la rue et discutent de l’opportunité de porter le voile et de son lien avec la pratique religieuse. Leur petit film a été présenté en ouverture d’une séance au festival – comme d’autres mini courts-métrages. Mais il a suscité la polémique à l’occasion d’une Semaine Citoyenne organisée au lycée. Quelle image de l’établissement était donnée ? N’y avait-il pas contradiction avec les principes de la laïcité ? Une question ouverte fut posée au Conseil d’Administration. L’équipe pédagogique de la classe fut interpellée. Les élèves de la classe se sont sentis piégés.
Comment la communauté scolaire a-t-elle alors réagi ? Comment l’institution (direction d’établissement et instances administratives) s’est-elle positionnée ? Quel rôle ont joué les représentations syndicales ? Notre communication décrira l’épisode, dégagera quelques points d’attention et posera quelques jalons d’une formation initiale et continue des enseignants.
Références bibliographiques :
POULAT, Emile, “Faut-il changer la loi de 1905 ?”, Revue Esprit, juin 2005.
GINISTY, Bernard, “Pour un espace laïc, lieu d’itinéraires démocratiques et spirituels”, Colloque d’Humanisme, « L’avenir de l’homme dans nos sociétés », 2015 (en ligne).
DUBET, François, La laïcité et son autre, La vie des idees.fr, 12 février 2015
DELAHAYE, Jean-Paul, « Laïcité, Enseignement, et religion à l’école », Comité Laïcité-République, www.laicite-republique.org
Mots clés : laïcité – voile – neutralité – formation des enseignants
►Qu’est-ce qui est radical? Critères et normes pour l’identification de la « radicalisation » dans un collège de région parisienne.
Chloé Le Meur, professeure agrégée de lettres modernes (collège Henri Wallon, 95).
Cette communication examine une série de situations concrètes observées au cours de deux enquêtes ethnographiques de 2013 à aujourd’hui, dans un collège REP, en banlieue nord de Paris. Ces situations vont d’une discussion tendue sur le sens à donner à la présence de drapeaux palestiniens sur un classeur au signalement d’un élève de 3ème dans les semaines suivant les attentats du 13 novembre 2015: conflictuelles à des degrés divers, elles interrogent la manière dont l’institution scolaire française et ses agents mettent en œuvre une fonction qui leur a été récemment attribuée. Il s’agit en effet, depuis 2014, de procéder à un « signalement des situations individuelles inquiétantes » et à « l’identification des signes» de la « radicalisation »[1] dans le cadre de plans gouvernementaux de prévention.
Fondée sur des observations et entretiens réalisés avec les acteurs/actrices, la communication interroge les critères normatifs mobilisés par les agents pour déterminer ce qui constitue le signe d’une déviance (Sembel 2015) des élèves sur les plans psychologique, politique ou religieux. Trois questions guident l’analyse proposée : 1) quelles normes, axiologies et pratiques sont mobilisées par les agents de l’Etat ? 2) Sont-elles en continuité avec à la fois celles portées par les discours gouvernementaux et celles des autres acteurs/actrices, en particulier les élèves (Truong, 2017)? 3) Comment contribuent-elles à la redéfinition des rapports entre école, laïcité et fait religieux, dans un contexte politique marqué par la construction d’un « problème musulman » (Hajjat et Mohammed, 2013) ?
Références bibliographiques :
Hajjat Abdellali et Mohammed Marwan, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le “problème musulman”, Paris, La Découverte, 2013.
Sembel Nicolas, M. Boucher (dir.), Enquêter sur les déviances et la délinquance. Enjeux scientifiques, politiques et idéologiques, Paris, L’Harmattan, 2015, p. 75-89.
Truong Fabien, Loyautés radicales : l’islam et les « mauvais garçons » de la nation, Paris, La Découverte, 2017.
Mots-clés : radicalisation – éthique professionnelle – signes religieux – laïcité – école
►Vigilance anti-radicalisation et prohibition des signes d’islam
Françoise Lorcerie, directrice de recherche au CNRS, laboratoire IREMAM, Aix-Marseille Université.
Les conflits normatifs qui divisent les personnels dans les établissements scolaires sont rarement publics, mais ils sont lancinants pour les praticiens. L’expérience montre qu’ils sont relatifs à deux grandes questions : les méthodes pédagogiques et les libertés octroyées aux élèves. Les deux aspects ne sont pas sans lien : les méthodes différentes vont souvent de pair avec des postures différentes induisant des schèmes de libertés différents pour les élèves (Grau 2014). De tels conflits se sont multipliés et publicisés en France en relation avec le traitement de l’islam dans les écoles (Diversité, 2015 ; Kamiejski et al. 2012).
La communication en tracera un bref historique, avant de se concentrer sur l’analyse de cas surgis dans le contexte de la politique de prévention de la radicalisation. Ces cas révèlent que le contexte favorise des comportements inédits chez les élèves et réveille des divisions dans les collectifs professionnels, en même temps qu’une réflexivité éthique elle aussi inédite en France (Lorcerie, 2014) se fait jour parfois.
Références bibliographiques :
Diversité (182), 2015, « L’école et les Valeurs. Charlie, et après ».
Grau Sylvie, 2014, “30 ans et 122 jours. Récit”, Diversité (177), p. 115-121.
Kamiejski Rodolphe, De Oliveira Pierre, Guimond Serge, 2012, “Ethnic and religious conflicts in France”, in D. Landis & R. Albert, Eds., Handbook of ethnic conflict: International perspectives. Springer, NY, p. 483-506.
Lorcerie Françoise, 2014, « La place vacante de l’éthique professionnelle dans la formation des enseignants », Diversité (177), 2014, p. 91-98.
Mots clés: laïcité – neutralité – posture professionnelle – éthique professionnelle – islam
SYMPOSIUM 3
Coordinatrice : Géraldine Bozec
Géraldine Bozec est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Nice Sophia Antipolis/ÉSPÉ et chercheuse à l’URMIS (Unité de recherche Migrations et Société), Ses travaux portent sur la construction et l’expression des identifications nationales, ethniques et religieuses dans l’espace scolaire.
►De la question de l’islam au lycée de campagne « Élisée Reclus »
Chantal Crenn, MCF Anthropologie, Université Bordeaux Montaigne, « Les Afriques dans le Monde » CNRS, IEP Bordeaux.
C’est à partir d’ethnographies des interactions quotidiennes saisies en 2017 et d’entretiens effectués avec des enseignants d’un lycée situé en territoire viticole de la région bordelaise que cette communication est élaborée. Depuis quelques années les professeur-e-s se disent de plus en plus confronté-e-s à la question du « pratiquer l’islam » perceptibles disent-ils (elles) à travers les paroles, les pratiques des élèves (entre-soi dans la cour, absence pendant le ramadan ou lors du rassemblement à l’UOIF, revendication du halal) sans toutefois trouver au sein de leur établissement d’espace de paroles à ce sujet… Dans ce lycée rural où la question « musulmane » semblait autrefois absente, on parle de « dérives sectaire » mais aussi de « radicalisation », de l’influence de la mosquée sur leurs « élèves maghrébins ». Toutefois, on trouve aussi des enseignant-e-s qui considèrent que la radicalisation opère aussi du côté de certains collègues lorsque les idées du Front National s’invitent dans la salle des professeurs. Sur toutes ces question, les acteurs/trices tâtonnent, inventent des compromis, s’opposent, se crispent parfois.
Références bibliographiques :
Crenn, C, ” Ce que les musulmans nous disent de la campagne girondine”, Ethnologie Française, Islam, pratiques et vécus du quotidien, octobre 2017, Tome XLVII, n°4.
Crenn, C., “Ethnic identity, power, compromise and territory : « locals » and so called “Moroccans” in the Sainte Foy-Bordeaux vineyards””, in J.MacClancy (ed.) Alternative Countrysides: anthropological approaches to rural Western Europe today, Manchester University Press Publishers, 2015, pp.34-50.
Rodier, Ch, « L’halal à l’épreuve de la socialisation inversée », Enfances Familles Générations, 20 | -1, 58-78.
Mots clés : Établissement scolaire – monde rural – ethnicité – islam
►Pour une analyse historique et comparative des extrémismes identitaires
Xavier Roth, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble-Alpes (LARAC EA 602), membre du conseil scientifique de la Fondation du camp des Milles – Mémoire et Éducation.
Cette communication soulignera l’intérêt épistémologique et pédagogique d’approcher la conflictualité autour de l’islam à l’École, depuis une analyse comparative des engrenages qui ont conduit par le passé des sociétés jusqu’aux génocides. Par cette mise en perspective historique, l’objectif est de comprendre la proximité entre les mécanismes de l’islamisme radical contemporain et les extrémismes identitaires du siècle dernier. Telle est l’approche du Site-Mémorial des Milles, ancien camp de déportation à Aix-en-Provence, dont on analysera ici le dispositif pédagogique.
Une analyse historique et comparative des extrémismes permet en effet de :
1) dénoncer l’usage au singulier du terme « radicalisation », comme si les processus d’extrémisations n’avaient jamais concerné que l’islam, laissant ainsi de côté les extrémismes identitaires qui ont – et peuvent – conduire au pire ;
2) souligner les dimensions institutionnelles et collectives des radicalisations, là où le présentisme s’arrête souvent au seul examen de parcours individuels ;
3) construire des « outils de réflexion et de pratique pour le corps professionnel », depuis la connaissance des mécanismes communs aux extrémismes d’hier et d’aujourd’hui.
Références bibliographiques :
Audigier, François. 2000, “Histoire, géographie et éducation civique : trois disciplines aux prises avec la diversité narrative”, Repères, 21, 121-141.
Atran, Scott & Ginges Jeremy. 2012, “Religious and Sacred Imperatives in Human Conflict”, Science 336, 855
Semelin, Jacques 2005, Purifier et détruire, Paris, Seuil.
Mots clés : éducation à la citoyenneté – éducation au patrimoine – extrémismes – mémoire – génocides.
► « Racismes et religions à l’école, paniques institutionnelles? Ce que révèle une politique publique de mélange des publics scolaires.».
Geneviève Zoïa, Pr. Ethnologie, UM/CEPEL. Manon Ratel, Contrat doctoral, UM/CEPEL
Nous analysons une politique publique totalement expérimentale et controversée qui est la politique de mixité sociale à l’école, visant à mixer ethno-socialement les publics, l’objectif étant de gagner en diversité dans les collèges ségrégués, et donc en justice sociale pour l’accès au bien scolaire. En 2016, Le Ministère de l’Éducation nationale a annoncé une série d’expérimentations en ce sens dans une vingtaine de départements. Sur notre terrain, dans une ville moyenne, la mise en œuvre de cette politique, annoncée pour la rentrée 2018, engage, dans sa préparation et sa communication, plusieurs échelons, et couleurs politiques différentes : État, collectivités, parents (via las fédérations mais pas seulement). Toute la carte scolaire est retouchée, un établissement fermé, des populations déplacées…
L’annonce de ce projet agit comme un révélateur dans la ville, déclenchant des paniques institutionnelles, mais également des réactions négatives et des discours privés et publics, justifiant parfois la séparation socio-ethnique, en appui sur une « différence » des publics musulmans, sur fond post-colonial mettant en présence des religions différentes. En effet, nous montrerons comment, face à une mixité présentée, bon gré mal gré, par les représentants des institutions comme une valeur contre les “ghettos” et pour le vivre ensemble, les transgressions à la norme du non racisme se font jour de façon quelquefois violente et touchent tous les milieux sociaux et professionnels, sous des formes diverses.
Références bibliographiques :
Felouzis G., Perroton J., Liot F., (2005), L’apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Paris, Éd. du Seuil
Oberti M., (2007), L’école dans la ville. Ségrégation – Mixité – Carte scolaire, Paris, Les Presses de Sciences Po
Zoïa G. (2009). « Mixité sociale et choix du collège », in Duru-Bellat M., Meuret D., Les sentiments de justice à et sur l’école, Bruxelles, De Boeck Université
Mots-clés :
mixité – racisme – ségrégation – action publique
[1]La prévention de la radicalisation en milieu scolaire, Eduscol, site eduscol.education.fr
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Valérie Orange (30 juillet 2019). Proposition d’une session de communications : “Les conflictualités autour l’islam dans les établissements scolaires et institutions de formation français” Éducation & Diversité. Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqta
